Dossier spécial : Les dilatateurs vaginaux
Tous les mois, retrouvez un dossier en exclusivité préparé par Gyneas sur les dernières nouveautés dans le domaine de la gynécologie.
Ce mois-ci, Gyneas vous propose d’en savoir plus sur les dilatateurs vaginaux
Le vagin en question
Vagin…machin ? Il y a celles qui ne le connaissent pas, celles qui en sont obsédées, celles que ça dégoûte…Le mot vagin c’est un peu LE mot interdit, qui d’emblée met mal à l’aise qui aura eu l’impudence de le prononcer en dehors de l’alcôve médicale.
Un tabou solidement ancré
Même à l’écrit le terme gêne, c’est dire…La littérature lui préfère pudiquement « Orifice, cavité, canal » mieux « organe tubulaire » ; quant à sa représentation fusse t-elle artistique, plus que jamais elle aussi dérange…La récente controverse provoquée par Facebook autour du célèbre nu « L’Origine du monde » de Gustave Courbet en témoigne, le réseau social n’ayant pas hésité à reléguer promptement l’œuvre au rang d’image pornographique !
Est-ce parce qu’au contraire des hommes les organes sexuels féminins ne sont pas visibles dans la réalité, sauf à exercer quelques contorsions à l’aide d’un miroir ?
Interrogées en 2014 lors d’une enquête menée par une association britannique de lutte contre les cancers gynécologiques, la moitié des femmesâgées de 26 à 35 ans avouaient ne pas savoir localiser le vagin sur un schéma anatomique de base*.
Alors… Fourreau du désir au parfum sulfureux, antre tabou de fantasmes au jus concentré d’un silence convenu ; ou muscle intime qui comme toute autre partie du corps mérite qu’on en prenne soin ?
Thérapeutique ou simplement hygiénique la découverte du corps et de sa corrélation avec notre vie devrait aller de soi, sans que des conventions culturelles ou morales ne viennent faire obstacle à la santé dans ce que la complémentarité du corps et de l’esprit a d’essentiel.
Oser le bien-être vaginal
Lorsqu’on interroge les femmes de 45 à 65 ans sur la manière dont elles considèrent le vagin, s’il évoque pour elles tout à fait la sexualité (51 %) mais aussi la maternité, la féminité (46 %), ou le plaisir (40 %), seules 24 % l’associent à la santé**.
Est-ce à penser que dès l’instant qu’on évoque la sexualité, on sort du champ de la santé ? Il semble en effet qu’adhérer au concept de santé sexuelle, prôné de longue date par l’OMS, nécessite un cheminement plus progressif dans l’esprit des femmes, qui, on le voit, ont déjà fort à faire pour poursuivre l’accessibilité à une légitimité qui continue de n’aller pas toujours de soi dans bien des domaines de leur vie quotidienne.
Pourtant on le sait, au delà des enjeux assignés par la morale dominante aux finalités de fonction reproductive, l’épanouissement sexuel et le bien-être intime sont une composante importante sinon fondamentale de la santé physique autant qu’ils impactent l’harmonie personnelle et sociale.
Dilatateurs pour soigner, dilatateurs pour prendre soin de soi…
Des vertus thérapeutiques en rééducation
Dyspareunie, vaginisme, vulvodynie, sténose, atrophie vaginale : les maladies ou troubles du vagin sont nombreux et d’autant plus handicapants qu’ils concentrent, comme on l’a vu, la charge symbolique qui pèse sur le regard traditionnel porté sur le sexe, souvent en rapport avec la culture et la religion.
Causées par un bouleversement personnel, une violence, ou à la suite d’un accouchement… De ces douleurs et inflammations capricieuses, les femmes par gêne ou pudeur souvent ne disent rien, même en consultation.
Des désordres hormonaux qui perturbent à partir de la cinquantaine un tiers de leur vie, elles n’osent parler, pas plus que de l’inconfort urinaire qui les accompagne et affecte directement la libido, la relation et donc la qualité de vie.
C’est toute la féminité qu’il s’agit là parfois de se réapproprier au détour d’une prise de conscience profonde à laquelle la société n’a jamais jusqu’alors préparé les filles, toujours un peu honteuses de ces choses qui entourent ce mystérieux hymen, en l’occurrence un tricotage subtil de vaisseaux sanguins, terminaisons nerveuses qui s’ébrouent dans un toboggan de minuscules plis.
Une fois la peur vaincue et assimilé le bien fondé de porter à cette zone du corps davantage attention, les dilatateurs vaginaux (en complément d’un accompagnement au cas par cas psychologique, dermatologique, physiothérapique) peuvent s’avérer très utiles pour dépasser les résistances physiques ancrées de longue date.
Petits accessoires de forme oblongue appelés aussi « bougies », les dilatateurs permettent de sentir son vagin se refermer ou s’ouvrir ; et au fil des séances et des tailles avec un entraînement graduel, de l’assouplir et d’avoir moins peur de le toucher. L’apprivoiser pour atténuer (venir à bout la plupart du temps) des douleurs ou dysfonctionnements et soulager la détresse qui accompagne ses maux… Les résultats sont probants !
La gymnastique intime comme hygiène de vie banale pour les femmes
Et pourquoi pas ? Les Québécois très à cheval sur le vocabulaire, ne parlent pas de dilatateurs (explicite il est vrai, mais mot à tournure barbare aux accents lointains de torture) mais « d’accompagnateurs ». Sorte de guides bienveillants qui, pourvu qu’on choisisse bien le diamètre et respecte l’orientation oblique du vagin agissent sous notre autorité sur la muqueuse, l’élasticité et la tonicité vaginale.
En mouvements simples à réaliser par courts exercices réguliers, l’usage des dilatateurs a prouvé qu’il permet de prévenir efficacement le relâchement vaginal en stimulant muscles et tissus.
Si lavie en couple est indéniablement un élément favorisant l’attention à soi et à sa santé, le plaisir sexuel un facteur d’épanouissement, le célibat conduit par contraste à ignorer les troubles de l’organisme génital dès lors qu’ils ne sont pas liés à la fonction de procréation.
Quel mal (mâle ?) y aurait-il à motiver quotidiennement même très peu de temps cette partie du corps lourdement missionnée à perpétrer l’espèce humaine certes, mais aussi promise à la félicité ?
A fortiori lorsqu’on n’a pas de relations sexuelles régulières.
« Time’s Up » proclament les actrices hollywoodiennes ! Ne devrait-on pas célébrer l’avènement de résolutions pragmatiques ?
Enfin la femme peut oser parler d’un organe aussi secret qu’invisible et admettre vouloir en prendre soin.
*Publication The Telegraph / septembre 2014 :
**Enquête menée au mois d’avril 2016 par Opinion Way pour Pfizer auprès de 100 gynécologues libéraux ainsi que de 504 femmes âgées de 45 à 65 ans
Marie-Victoire Vergnaud
Les laboratoires Gyneas proposent de nouvelles gammes de dilatateurs réalisés en silicone de meilleure qualité.
L’avis du spécialiste
Marjorie Cambier est sexothérapeute et psychologue clinicienne, experte dans l’accompagnement des femmes sur le chemin d’une féminité et d’une sexualité épanouies.
Un grand vide
« Il est en effet étonnant de constater que beaucoup de femmes connaissent finalement très peu leur corps et combien elles ne sont pas préparées à assimiler les troubles, difficultés, profondes douleurs liés à leur identité sexuelle.
Les patientes que je reçois, généralement orientées par leur gynécologue, souffrent d’une pathologie diagnostiquée physiquement, mais dont les causes logent bien souvent dans l’inconscient…Mon approche consiste donc à travailler sur l’aspect psychologique de ces blocages.
Même s’il persiste de nombreux tabous sexuels, on sent un mouvement qui se crée depuis quelques années, et c’est encourageant ».
Dilatateurs en complément d’une éducation thérapeutique de la sexualité…
« Il est souvent trop tôt lors des premières consultations pour évoquer avec mes patientes la plupart du temps victimes d’un traumatisme, les bienfaits des dilatateurs en séances de rééducation (en tant que thérapeute je n’en pratique pas mais peut être amenée à en recommander). Une fois cependant, j’ai accompagné une femme qui avait décidé d’agir seule. Parvenue au quatrième diamètre de son kit de 5 dilatateurs, elle éprouvait le besoin d’être guidée dans sa démarche et de poser des mots sur ses gestes.
Dans le cadre de pathologies on le voit, il convient d’avancer petit à petit, graduellement et de combiner les traitements. Dans tous les cas, un contexte de relaxation est indispensable. Pour ma part j’aime bien proposer des exercices de respiration profonde et pourquoi pas un scan corporel en complément de l’utilisation de dilatateurs. Il s’agira de se concentrer en fermant les yeux et de visualiser chaque partie de son corps, de la tête en descendant vers le petit bassin… »
Ou seuls pour le bien-être gynécologique
« Le bien-être gynécologique interagit sur la santé en général. La sexualité joue un rôle fondamental dans notre équilibre, certaines études avancent même qu’épanouie et régulière, elle permettait une augmentation de l’espérance de vie d’une dizaine d’années !
Même en l’absence de troubles ou manifestations douloureuses, pratiquer des exercices de gymnastique intime est certainement bénéfique à tous les âges de la femme.
Utiliser des dilatateurs progressivement de façon autonome à la maison contribue à maintenir la tonicité vaginale (notamment lorsqu’on n’a pas de compagnon) mais aussi à atténuer les difficultés fréquentes liées à la métamorphose de la ménopause ».
Discutez avec votre professionnel de santé du bon usage des dilatateurs vaginaux et de leur utilité pour vous.
Les 3 conseils de Marjorie Cambier :
- Toujours commencer par le premier diamètre
- Utiliser un bon lubrifiant
- Ne jamais aller au delà de la douleur
www.sexopsy-cambier.com
Propos recueillis par Marie-Victoire Vergnaud