La grossesse de l’adolescente : une adolescence avortée ! D’après plusieurs études, les grossesses précoces sont de plus en plus fréquentes en Europe, au point de constituer une préoccupation primordiale en matière de santé publique. De nombreuses enquêtes médicales ont révélé qu’au contraire de ce qui a souvent été avancé, à niveau socio-économique et état matrimonial identique, les grossesses d’adolescentes ne différent pas, sur le plan médical, de celles de leurs aînées. Aujourd’hui, il est communément admis que ces grossessesne présentent pas de risques biologiques plus élevés. Les problèmes soulevés dans nos sociétés occidentales sont plus d’ordres psychologiques et sociaux que physiques. Le plus souvent accidentelle, mais parfois aussi confidentiellement désirée, la venue d’un enfant bouleverse toujours profondément la vie de la toute jeune maman, devenue mère avant d’avoir été femme. (Aujourd’hui, plus de la moitié des européennes enceintes avant 18 ans décident de garder leur enfant). Ces grossesses pour la plupart non désirées attestent de l’ignorance de la contraception : 60% des premiers rapports ont lieu en France sans contraception préalable.
A l’évidence pour ces grossesses peu ou pas suivies, la conséquence première est le taux de prématurité qui s’en suit. Si l’on veut mettre en route des actions de prévention en matière de grossesse, il faut se pencher sur les comportements psychologiques et sexuels de ces adolescentes. Plusieurs approches sont possibles. La grossesse peut être le corolaire d’un désir d’émancipation, la volonté d’investir le monde des adultes pour se démarquer des autres.
La famille est-elle en cause ? Il peut s’agir également d’une reproduction inconsciente du schéma familial, via la répétition de la grossesse de la mère, qui était, elle aussi très jeune, de la maltraitance subie dans sa propre enfance ; c’est « l’inconscient calculateur » qui revient à la date anniversaire. En accédant à l’état adulte par la maternité, cela permet à l’adolescente de s’identifier à sa mère et souvent de concrétiser un conflit latent. Toutes les enquêtes montrent qu’un grand nombre de jeunes mères mineures ont souffert dans leur enfance de conditions de vie difficiles et de mauvaises relations avec leurs parents. L’enfant vient compenser les angoisses dépressives et la sensation d’abandon. L’enfant serait alors comme une réparation, enfin quelque chose de positif. Enfin, il arrive que ces grossesses précoces interviennent comme une réponse inadaptée à une situation déjà précaire.
La grossesse et la scolarisation Quoiqu’il en soit, la grossesse de l’adolescente aboutit quasi inéluctablement à une déscolarisation : si la jeune fille était en capacité de poursuivre sa scolarité, elle pourra reprendre ses études après quelques mois d’absence, mais qui justifieront à coup sur un redoublement. En revanche, dans le cas contraire, si l’adolescente était en échec, le projet scolaire est brutalement interrompu mettant souvent fin à tout projet professionnel lui même assez précaire. S’en suit, une évidente marginalisation due à l’isolement social, induisant lui-même bien souvent un rejet de la famille. Cette grossesse aboutit à une exclusion, car c’est une étape qui a été brûlée, un passage qui est cassé.
La contraception permet de vivre de façon plus adaptée cette étape qu’est l’adolescence, en laissant le temps au temps.
La prise en charge immédiate en maternité d’une adolescente enceinte devrait donc être une priorité voire une urgence. Un accompagnement psychologique et social adéquats sont également primordiaux, ainsi que le soutien moral et affectif de l’entourage. Après la naissance, une aide à la reprise de la scolarité est hautement souhaitable, c’est là un élément de bon pronostic familial et social.