jeudi, octobre 10, 2024
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Qu’est-ce que le vaginisme ? Par Sylvain Mimoun

Le vaginisme est une contraction réflexe des muscles qui entourent le vagin, et cette contraction est due quelques soient les causes psychologiques, à une peur.

Une peur de quoi ?

De l’intrusion à l’intérieur du corps, et c’est quelque chose qui comme dans une crise de panique se fait de manière automatique, c’est à dire que la personne n’a pas le temps de réfléchir ni de raisonner, n’a pas le temps de prendre du recul…

Assez souvent au cours d’entretiens psychothérapiques, ce qui en principe ne se fait pas en gynéco, mais si on en faisait plus, ce pour quoi j’œuvre, on se rendrait compte qu’il s’agit de femmes qui n’ont pas eu d’abus ou de traumatisme particulier si ce n’est un traumatisme psychique. C’est à dire qu’elles ont entendu beaucoup de choses. On leur a dit par exemple, « le premier rapport c’est une horreur, l’accouchement c’est une torture… », et souvent, non pas pour faire peur à l’autre mais parce-que elles absorbaient comme une éponge toutes les peurs transmises par les autres jusqu’à en faire la leur.

Ce qui fait, qu’en réalité ces  femmes se retrouvent dans une sorte de « blocos » imprenable. Le paradoxe avec ça, c’est que sur le plan sexuel, elles peuvent tout fait accepter les caresses et tout ce qu’il y a autour, tant que ce n’est pas la pénétration, pas de problème, à la différence de la femme qui, par exemple à des dyspareunies, c’est à dire des douleurs pendant le rapport, chez ces femmes, c’est un refus du sexuel, c’est à dire qu’elles ne veulent pas qu’on touche en dessous de la ceinture, et elles n’auront pas ou très peu de plaisir.

Dans cette histoire de vaginisme, en théorie, on se dit c’est psychique, donc, il faudrait une prise en charge psychologique, pour que petit à petit les choses s’amenuisent, et que les peurs disparaissent… En pratique on se rend compte que cela ne se passe pas comme ça. A mon avis, la meilleure attitude serait une approche psychosomatique, c’est à dire où l’on joint le psychologique et le somatique.

Le somatique c’est quoi ?

C’est comment aider la femme à apprivoiser sa peur, et le meilleur moyen de l’y aider, c’est qu’elle découvre par elle même, qu’une introduction de quelque chose, que ce soit un doigt, un petit objet, etc… peut se faire à son rythme à elle, en lui montrant même physiologiquement comment elle peut ne pas avoir mal. A partir du moment où elle arrive, en comprenant l’angle du vagin par rapport à l’entrée de la vulve, en faisant même un petit schéma, c’est à dire que ça fait comme un toboggan en fait, et si ces femmes arrivent à suivre se toboggan là, elles comprennent et se focalisent sur l’aspect anatomique jusqu’à oublier « un peu » leur peur, du coup un tout petit objet peut commencer à rentrer, et si un petit objet est rentré, on peut considérer que c’est à moitié gagné, c’est à dire que le travail de rééducation a commencé, et que la peur pourra s’apprivoiser petit à petit.

Ce qui veut dire que de ce fait là, ces femmes vont apprendre « techniquement » comment faire. Mais ce qui est important, c’est que parallèlement à cet aspect technique, il y ait le volet verbal pour qu’elles comprennent ce qu’elles sont en train de faire de sorte qu’elles maitrisent cette prise en charge émotionnelle. Et lorsqu’on agit ainsi, on parvient à 80, 85 % de bons résultats. C’est une vraie révolution pour ces femmes, qui parfois peuvent être mariées depuis 1 an, 10 ans et n’ont jamais eu de rapport, jamais de pénétration, et viennent tout à coup consulter parce qu’il y a urgence pour qu’elles soient enceintes…Et le paradoxe, c’est que quelques fois, comme on est dans la technique du côté de la médecine, on leur propose de pallier par une insémination…

Or l’objectif, ça n’est pas cela, l’objectif c’est que ces patientes apprennent d’abord à être bien avec elles même, et après qu’elles soient enceintes, et non l’inverse. Alors, il y a même des femmes qui ont réussi à être enceintes tout en étant vierges… En effet, pour la plupart ce sont des femmes jeunes habituellement, qui fonctionnent bien, il suffit qu’à l’occasion de l’ovulation la glaire survienne et descende jusqu’à l’orifice de la vulve, et si l’homme éjacule dehors, les spermatozoïdes suivent la glaire…Je ne vous raconte pas un scoop, tous les gynécologues ou presque, ont rencontré ce cas une fois dans leur vie. Donc des femmes enceintes vierges, ça existe, soit de cette façon, soit à la suite d’une insémination ! Le paradoxe, de fait, c’est que si elles sont enceintes il faudra accoucher…

On pensait, il y a quelques années, qu’il fallait obligatoirement une césarienne. Or dans les faits, la moitié de ces femmes accouchent par voie basse, avec une dilatation qui se passe normalement. Ce qu’il faut comprendre et que l’on sait à présent, c’est que le vaginisme empêche de « rentrer » mais pas de « sortir ». C’est une fermeture particulière, une fermeture fonctionnelle. En fait, au moment où ces femmes vont accoucher, elles ne se posent même pas la question de la peur…

Ce qu’elles ne peuvent pas faire, c’est laisser les sages femmes ou l’obstétricien faire trop d’examens, puisque cela rend les choses compliquées…mais à partir du moment ou l’enfant apparait, il peut sortir sans complication. A partir de ce moment on a cru, ces femmes le croient elles même d’ailleurs, que le problème est réglé, si une tête de 10 cm à pu passer…Et malheureusement pour elles, le réflexe automatique se remet en place aussitôt. D’où la nécessité de les aider à  ré apprivoiser cette peur. Si on les aide de manière verbale elles peuvent avancer, avec l’aide bien sur, de kits dilatateurs ou autres, mais l’aspect psychologique est incontournable, et il faut accompagner ce chemin avec de la parole progressive. Il ne faut pas brûler les étapes. Plus ces patientes veulent aller vite, plus elles perdent du temps. Il est très important que ces femmes sachent que c’est un problème qui en concerne beaucoup, et qu’elles peuvent être aidées, car c’est un symptôme qui se guérit.

Comment envisager une rééducation si on n’a pas la chance d’avoir à proximité un gynécologue tel que vous ?

vaginisme

Il est vrai que cela dépend du lieu de résidence. Cela dit l’idéal reste de voir un gynécologue psychosomaticien. C’est pourquoi j’ai crée un diplôme universitaire de gynécologie psychosomatique qui a 21 ans maintenant, et chaque année je forme une 20ène de gynécologues, sur toute la France et donc qui sont  disséminés un peu partout. Cela peut valoir le coup de savoir s’il ne s’en trouve pas un dans le coin où on habite. La deuxième chose, c’est qu’il y a des kinés spécialisés dans la rééducation du périnée, et qui, de ce fait on commencé à s’intéresser à ce symptôme. En clair, le but du jeu de comprendre le problème d’un point de vue somatique et de voir comment on peut l’apprivoiser petit à petit.

Il ne faut pas être pressé, ni la patiente, ni le thérapeute, il faut s’adapter au rythme de cette femme, on ne se « débarrasse » pas du vaginisme, on apprivoise sa peur. Quelqu’un qui a une crise de panique, cela ne sert à rien de lui dire « ça n’est pas grave, ce n’est rien »… Cela ne se raisonne pas. Quand j’examine ces femmes, il arrive qu’elles soient terrorisées, le but du jeu pendant l’examen c’est de les rassurer.

Pour le moment je pose le doigt, et je continue à parler pour qu’elles s’apaisent et se tranquillisent, et au fur et à mesure,  à l’aide de mon schéma du début qui montre l’orifice de l’hymen, et elles  savent bien que c’est à ce passage précisément qu’elles ressentent des brûlures. De petites brûlures. Mais pour elles, dès qu’elles sentent quelque chose, cela prend tout de suite des proportions de douleur énorme, donc si la patiente ressent cette petite brûlure et que je reste en contact avec le doigt, je propose de respirer calmement et je ne bouge plus, donc j’attends, je ne retire pas le doigt, et finalement elle se rend compte que la petite brûlure est tout à fait acceptable, et que l’on peut doucement et en expliquant le processus, passer à travers l’orifice.

Le fait qu’elle comprenne ce qui est en train de se produire est apaisant pour elle et elle se rend compte que quelque chose peut  passer, que ça n’est pas fermé. Cette  prise de conscience permet d’avancer et de passer à l’étape suivante qui consiste à reproduire l’exercice chez elle tranquillement. En clair, on ne cherche pas le pourquoi, traumatisme ou autre, on cherche comment faire pour que ça change.

Sylvain Mimoun Gynécologue, Andrologue et Psychosomaticien, Fondateur et Président de la Société Française de Gynécologie Obstétrique Psychosomatique

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